lundi 12 décembre 2016

Elle s'appelait Victoire - Pauline Aymard

 
Elle s'appelait Victoire de Pauline Aymard
Lu en ebook
Edition Eyrolles (2011)

Synopsis : "Le docteur Lachapelle et Paco viennent à ma rencontre. Les convulsions ne s'arrêtant pas, ils ont pris la décision de la plonger dans le coma pour ne pas la faire souffrir. Mais elle mange, elle m'entend et elle me sent. Je rentre dans une pièce toute bleue où sont disposées six couveuses. Dans la première, à gauche, je découvre ma fille. On m'approche un tabouret en métal jaune. Je glisse ma main dans une des chaussettes de la couveuse et vais à la rencontre de la petite main de mon bébé. Bonjour Victoire, c'est maman". A l'âge de 30 ans, Pauline Aymard perd sa première fille Victoire, une semaine après sa naissance. Avec pudeur, elle raconte dans ce livre son histoire : son accouchement douloureux, la froideur de l'hôpital, l'enterrement, le deuil à porter, l'urgence de vivre, les difficultés d'un couple endeuillé, la maladresse de l'entourage face au drame...
 
Mon Avis : Difficile voire même déplacé de donner son avis sur un témoignage. Les émotions, l'histoire et les décisions appartiennent à ceux qui l'ont vécus. Néanmoins, le style d'écriture, les sujets abordés ou non peuvent êtres intéressants à analyser, à comprendre. J'avoue avoir pleuré dès les premières pages. La dureté de l'évènement est considérable et vivre au travers des lignes cette perte est assez difficile.
 
Quoi de plus terrible que la perte d'un enfant ? Ce n'est pas dans l'ordre des choses, les parents sont censés partir avant les enfants. Les naissances sont censées être l'un des plus beaux moments de la vie des parents et non l'un des pires. Surtout quand cet enfant a été longtemps voulu, et difficilement obtenu.
Sujet assez tabou par la société, comment parler à quelqu'un qui vient de perdre un enfant ? Quoi lui dire ? Difficile de tenir une conversation légère, voir de rire. L'auteure ici nous dévoile son aversion des "politesses d'usages" telles que les condoléances. L'horreur selon elle est déjà assez grande, et le fait de recevoir ces attentions est un déchirement de plus. En découle l'incompréhension de l'entourage, les maladresses blessantes inévitables. "T'es jeune, t'en feras d'autres des enfants", "Déjà retravailler ? Pourquoi, t'es pas en deuil ?". Ces phrases assassines pour Pauline Aymard, creusent un eu plus le fossé entre elle et le monde. Une révolte muette se met en place, l'auteure se demande pourquoi elle devrait vivre son deuil comme les autres le voudrait, n'Est-ce pas elle au final qui est la première concernée par cette perte ?
Dans ce chaos, sa famille prend les choses en main. Psychologue, shopping thérapeutique, attention afin d'alléger le poids de la tristesse. Bouée de sauvetage pour Pauline, qui se laisse traîner et entraîner vers la sortie du cauchemar. L'auteure met bien en évidence ces deux facettes de l'entourage, le côté maladroit et incompréhensif, mais aussi le côté sauveur, porteur et soutien, indispensable à la reconstruction du soi.
 
Quand on perd un enfant, on le perd à deux. Mais chacun vit son deuil à sa manière, ce que témoigne aussi Pauline. Elle a besoin de montrer sa peine, de l'alourdir pour la laisser ensuite s'échapper. Son mari quand à lui, a besoin de la cacher, de la vivre en solitaire. Ce qui créer aussi des tensions dans le couple. Néanmoins, il arrive a être présent pour sa femme, et accepte ses désirs notamment pour l'enterrement.
Comment faire survivre le couple après un tel évènement ? Je trouve que l'auteur ne développe pas trop cette intimité-là. Mais c'est une question qui se pose.
 
Je trouve aussi que l'auteur n'a pas développé l'impact physique de son accouchement (qui a été particulièrement difficile). Le corps de la femme est mutilé, comment retrouver une vie sexuelle ou même une envie de se faire belle après la perte d'un enfant et un corps mutilé ? Je trouve dommage de ne pas en savoir plus, mais c'est un choix de l'auteur.
 
Qui est responsable ? C'est aussi ce qui permet à certains parents de se raccrocher à leur vie. Trouver le responsable, le punir. Mais généralement, eux-mêmes ce sentent responsable. La place de Dieu, la place du médecin ont été développées dans ce livre. Et si ? Et si il y avait eu une sage-femme en plus ? Et si ils n'avaient pas déclencher l'accouchement ? Et si et si ...
 
Il y a l'avant et l'après Victoire. Pauline Aymard nous emmène plus loin, avec deux autres enfants qu'elle a pu avoir. L'ombre de Victoire plane toujours, mais beaucoup plus légère, comme un voile protecteur. Ne jamais oublier, mais continuer à vivre avec.
 
Au final je me suis laissée guider par les émotions de Pauline Aymard, et j'ai vécu avec ses proches la perte de Victoire. Avec ce livre, nous avons le loisir de connaître une intimité douloureuse mais malheureusement répandu qui est toujours tabou. Comment vis une famille en deuil surtout quand c'est d'un enfant qu'il s'agit ? Les joies comme les peines sont décrites sans langue de bois, sous le coup de l'émotion. Une bonne remise en question notamment sur le comportement à éviter vis-à-vis des parents.
 
Pour résumé : Un livre émouvant, pour mieux comprendre l'histoire tragique. Pas d'embellissement, on se prend en pleine poire tout ce que les parents ont endurés. Belle leçon de courage et d'amour, car c'est bien de cela qu'il s'agit dans ce livre.


Note : 14/20

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