dimanche 15 janvier 2017

La chasse au trésor - Andrea Camilleri


La chasse au trésor d'Andrea Camilleri
264 pages, édition Pocket
 
" Le problème, quand même, c'était qu'il ne s'agissait pas d'une fiction, mais d'un truc vrai, d'une réalité même si à cette réalité si absurde il ne manquait pas grand-chose pour être une fiction."

Synopsis : Collectionneurs de croix et fervents dévots, Gregorio Palmisano et sa sœur Caterina se prennent subitement pour le bras vengeur de Dieu. Pour punir les pêcheurs de Vigàta, ils leur tirent dessus depuis leur balcon.
N’écoutant que son courage, Montalbano monte à l’assaut et neutralise les fanatiques. Religion et perversion faisant parfois bon ménage, le commissaire découvre que Gregorio partageait sa couche avec une poupée gonflable décatie et rafistolée. Une anecdote sordide dont la presse fait ses choux gras, mais bientôt pour Montalbano un sujet d’interrogation méritant investigation. Car un meurtre est signalé, le corps a été jeté dans une poubelle. Il s’agit en fait d’une seconde poupée, en tous points semblable à la première… S’agit-il de l’œuvre d’un copycat particulièrement tordu, s’en prenant à d’innocentes baudruches de plastique ?
Une enquête équivoque débute, qui tourne au bras de fer intellectuel quand un mystérieux épistolier convoque Montalbano à une chasse au trésor…

Mon Avis : Voilà ma première expérience avec le commissaire Montalbano. Expérience étrange. Je sors de ce bouquin avec un avis assez mitigé sur l'un des 21 volets de la saga du commissaire .. Pardon : du Dottori !
 
Le traducteur - Serge Quadruppani - nous prévient dans la préface : traduire du Andrea Camilleri, ce n'est pas une mince affaire ! Mêlant l'italien traditionnel et le sicilien (c'est un peu comme le français traditionnel et le Ch'timi), le traducteur a donc décidé d'employé le français marseillais, comprenez ici que le traducteur afin d'être au plus proche du langage de l'auteur, mêle au français, du vieux marseillais ou du moins, du vieux provençal. Déconcertant.
J'ai pensé qu'il s'agissait de faute de correction de la part de l'imprimeur, mais non, ce mélange un peu loufoque est voulu. Heureusement pour moi, je suis Marseillaise expatriée dans le nord pour les études et donc, c'est assez facile pour moi de le lire. Mais j'ai trouvé que ce système de langage dénaturé et même décrédibilisé l'enquête policière. J'avais parfois l'impression de lire une pièce de théâtre (même si les italiens comme tous les autres méditerranéens, sont plutôt dans l'exagération) : les collègues de Montalbano feraient presque des courbettes au commissaire, ses "amies" presque des révérences, et les suspects ont les traits exagérés dans la panique, la peur ou la compassion.
Cette mise en scène, ce côté comique des situations enlève du cachet à cette enquête qui tire en longueur et qui met du temps à s'installer.
 
Tout débute par une lettre innocente, une sorte de chasse au trésor, où l'on ne sait ni l'enjeu, ni les participants. Montalbano ne prend pas cela au sérieux mais la curiosité l'emporte. C'est un peu comme fixer un poisson rouge dans un bocal, on le suit des yeux sans s'y intéresser vraiment.
Cette chasse au trésor creuse mêle en parallèle le délire d'un frère et d'une sœur qui s'est déroulé sans incident majeur. Affaire vite résolue par le commissaire, mais qui est le point de départ d'un rituel beaucoup plus macabre. Vient ensuite la disparition d'une belle adolescente.
On ne comprend que dans les 20 dernières pages l'enchevêtrement de ces trois histoires. Le suspens manque, mais la lecture est rapide et fluide. Le 3/4 de l'histoire ne sont que la mise en scène d'une fin rapidement menée quoique déconcertante.
 
Les personnages sont fades et sans saveur particulière. Montalbano tire son épingle du jeu grâce à des introspections, où l'on aperçoit son côté réflexif et flic. Sinon, rien. Le néant. Ses collègues parfois tirent la gueule, ont des comportements étranges mais le vénère. Ses "amies", je n'ai pas trouvé d'autres termes pour les définir lui sont fidèles, tout en sachant qu'elles sont plusieurs sur un même poisson.  L'auteur ne nous embrouille pas avec 40 personnages, les principaux sont présents pour mener à bien l'enquête. Dommage que l'on en sache pas plus sur les collègues du commissaire et leur potentielle différence de réactions. Peut-être que lire l'intégrale des 21 volets permettent de cerner le personnage avec différentes affaires.
Loin d'être le flic Number One, l'auteur nous laisse entrevoir à plusieurs occasions sont côté "Monsieur tout le monde" face à la découverte d'un corps par exemple. Pas de super héro dans les parages.
 
L'histoire est courte et précise. On ne s'embête pas comme avec les personnages de fioritures ou de sucreries. Les faits sont chirurgicaux, précis. On nous guide droit au but. Et heureusement au vue de la longueur de la mise en place de l'intrigue et du suspens. Les petites énigmes laissées par l'auteur de la chasse au trésor m'ont aussi permis de venir à bout de cette histoire, elles laissent une traînées de suspens qui est malheureusement mince.
 
Je n'ai pas particulièrement adhérée à l'histoire ni au personnage que l'on ne connaît pas assez, mais la lecture fluide et le contexte policier m'ont donné l'envie d'arriver à la fin.
 
Note : 10/20

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